Ivre de livres

Du Plomb à la Lumière

 

Voici mon évaluation des 21 nouvelles que comporte le support du Prix Mille Saisons 2017, ce prix qui sera décerné grâce aux votes des lecteurs et qui permettra à l'heureux élu de publier un roman issu de l'univers de la nouvelle gagnante.

Si mon système de notation peut paraître scolaire à certains, il a au moins l'avantage de donner à chaque auteur une idée assez précise de ce que je pense de sa prose. Si certains n'ont aucun doute sur leur aptitude à devenir écrivain, d'autres se satisferont sûrement d'avoir un jugement critique portant sur plusieurs aspects techniques. C'est en tout cas l'un des buts de cette critique, l'autre étant de donner à de potentiels lecteurs mon point de vue personnel sur ce livre.

 

Je ne prétends pas avoir le bon goût universel, mon appréciation m'est donc tout à fait personnelle ; j'invite chacun à se faire sa propre opinion en lisant cet ouvrage que j'ai globalement trouvé d'excellente facture.

 

Pour chaque auteur présent dans l’ouvrage, vous trouverez les informations suivantes :

 

X.    Auteur

·         Titre : Titre de l’oeuvre

·         Public : A qui est destiné l’œuvre ?

·         Genre : Le genre littéraire

·         Note : Note sur 20 décomposée en 5 notes sur 4 points maximum

-  Ambiance – Note : Il s’agit ici de donner un point de vue sur l’atmosphère qui se dégage de l’œuvre, du plaisir que j'ai eu à la découvrir.

-  Écriture – Note : Mon appréciation de la plume de l’auteur, de son style.

-  Imaginaire – Note : Reflète ma perception de la cohérence et de la richesse de l’univers dans laquelle se situe l’œuvre.

-  Originalité – Note : J'évalue ici à la fois le respect du thème imposé et l'originalité avec lequel il a été traité, ainsi que la nouvelle en elle-même.

-  Universalité – Note : Je détermine ici avec quelle facilité j'arrive à me projeter dans d’autres œuvres issues du même univers (ce qui est le concept même du Prix Mille Saisons).

 

1.    Valentin Desloges (hors compétition)

 

·         Titre : Le Coup du Collier

·         Public : de 12 à 77 ans (et plus si affinités)

·         Genre : Médiéval-Fantastique

·         Note : 10/20

-          Ambiance – 3 : Valentin nous propose une ambiance un peu potache, truffée d’anachronismes et d’outrances bon enfant. C’est plutôt sympa, ça pourrait ressembler à du Pratchett sans tout à fait en être.

-          Écriture – 1 : Pour le coup je n’ai pas du tout accroché à la plume de Valentin. Je reproche souvent aux auteurs d’oublier la virgule mais pour le coup il y en a trop, ce qui hache considérablement la lecture. Elle participe certes de l’ambiance potache, Valentin multipliant les apartés et les clins d’œil, mais je suis resté très extérieur à l’aventure.

-          Imaginaire – 2 : Les personnages sont bien décrits avec moult détails cocasses, par contre l’univers dans lequel ils évoluent est un grand néant. Dans le contexte du Prix Mille Saisons c’est pour moi un manque vraiment dommageable.

-          Originalité – 3 : Valentin nous propose une transposition, dans un univers médiéval-fantastique, du conflit qui oppose le livre papier à son homologue numérique, sur le thème « je passe de la mine de plomb à la lumière de l’image ». C’est plutôt bien vu et original pour le coup, avec un bémol toutefois sur la morale de l’histoire, franchement bâclée.

-          Universalité – 1 : Avec une plume à laquelle je n’accroche pas et une Terra Incognita concernant l’univers, l’envie d’aller plus loin était déjà assez mal engagée. Si j’ajoute à cela que le héros de la nouvelle n’est ni sympathique, ni même charismatique comme peuvent l’être certains grands méchants, vous comprendrez (ou pas) que ma note soit en dessous de la moyenne.

 

2.       Vyl Vortex

·         Titre : Sous l’œil de Tornn

·         Public : de 12 à 77 ans (et plus si affinités)

·         Genre : À vous de le découvrir

·         Note : 13/20

-          Ambiance – 2 : L’ambiance proposée par Vyl est cohérente au final, mais elle ne facilite pas l’adhésion à la nouvelle, car elle est très plate sur toute la première partie du texte. J’ai bien compris que c’était au moins en partie voulu, mais il y manque un je-ne-sais-quoi pour captiver d’emblée le lecteur ; un peu d’humour, peut-être. Heureusement que la deuxième partie est beaucoup plus enlevée et que la lumière se fait pour le lecteur, d’où ma note moyenne.

-          Écriture – 2 : Là encore je me suis heurté au parti-pris régressif de Vyl : les phrases un peu courtes sont cohérentes mais cela se fait au détriment du plaisir de la lecture et ce n’est donc qu’à moitié réussi. La plume de Vyl ne prend véritablement son essor qu'à la fin de la nouvelle.

-          Imaginaire – 3 : Les personnages sont assez peu décrits par contre l’univers, lui, est bien posé. Vyl pour le coup a su piquer ma curiosité et m’a donné envie de découvrir comment on en est arrivé là.

-          Originalité – 3 : Le nœud de l’intrigue, que je ne dévoilerais pas, est un classique du genre de littérature auquel appartient la nouvelle mais c’est une proposition bien menée et inattendue compte-tenu du sujet imposé. Y a-t-il du Pern, d’Anne McCaffrey, dans la genèse de cette nouvelle ? J’aimerais bien le savoir… Il faudra que je creuse le sujet avec Vyl !

-          Universalité – 3 : La fin de la nouvelle a l’air un peu fermée, mais je fais confiance à Vyl pour nous faire une proposition cohérente dans le futur roman, qui pourrait être la suite, comme la préquelle, de cette histoire.

 

3.       Guillaume Dalaudier

·         Titre : La Clé Céleste

·         Public : de 12 à 77 ans (et plus si affinités)

·         Genre : Historique mâtiné de fantastique

·         Note : 16/20

-          Ambiance – 4 : J’ai retrouvé un peu des Piliers de la Terre de Ken Follett dans l’écriture de Guillaume : outre le thème, les cathédrales, j’y ai retrouvé le souffle du labeur artisan et la passion qui habite l’artiste. C’est vraiment très bien rendu et j’ai beaucoup aimé.

-          Écriture – 4 : Guillaume a une plume très fluide et bien équilibrée au niveau de la construction de ses phrases. Il n’y a pas non plus d’erreur dans l’utilisation des temps, c’est une nouvelle qu’on lit avec plaisir.

-          Imaginaire – 4 : Un univers historique est plus simple à mettre en scène qu’un univers imaginaire, dans le sens où il est connu du plus grand monde sans qu’on ait besoin d’y revenir en longueur. Pour autant Guillaume ne nous laisse pas sur le bord du chemin avec des références locales et historiques soigneusement distillées. Les personnages sont vraiment bien rendus et vivants. Mon seul petit bémol ira au choix d’Adrien pour le prénom du personnage principal, pas assez typé médiéval, ni même Sud-Ouest, à mon goût.

-          Originalité – 2 : Il y a du très bon et du franchement moins bon à ce niveau-là. Le très bon, c’est d’avoir fait le lien entre le sujet imposé et les vitraux des cathédrales qui laissent entrer la lumière mais qui tiennent en place grâce au plomb qui lie les morceaux de verre : excellent ! Par contre l’élément fantastique de la nouvelle est très franchement convenu. Guillaume avait-il le choix compte-tenu de son univers historique ? Probablement pas, mais il s’agit ici d’un concours de littérature de l’imaginaire (et le roman à venir doit en faire partie également), je ne peux donc pas laisser passer.

-          Universalité – 2 : Grand amateur de romans historiques, j’ai très envie d’en lire plus de la part de Guillaume, mais l’auteur n’a pas su me convaincre qu’il saurait mener un roman dans le cadre du Prix Mille Saisons et de la collection du même nom, très orientés sur les littératures de l’imaginaire.

 

4.       Barnett Chevin

·         Titre : La Pierre

·         Public : de 12 à 77 ans (et plus si affinités)

·         Genre : Historique-Fantastique

·         Note : 13/20

-          Ambiance – 3 : Nous sommes immergés dans un Paris du XVIIIème siècle historique et inquiétant assez finement rendu. On entre bien dans l’histoire proposée et on y reste jusqu'à la fin.

-          Écriture – 2 : Malgré des phrases un peu courtes dans lesquelles la virgule aurait souvent avantageusement remplacé le point, la plume de Barnett est agréable à lire, n’eut été l’usage abusif, et souvent impropre, du passé-simple. Manque de bol, je fais une allergie toute particulière à l’usage de ce temps honni qu’on me sort à toutes les sauces. Il participe certes d’un usage un peu désuet qui renforce l’impact historique du texte, mais trop, c’est trop !

-          Imaginaire – 4 : Comme pour la nouvelle de Guillaume, Barnett est bien aidé par un cadre historique qui n’a pas besoin d’être posé outre mesure. Mais tout comme Guillaume, l’auteur a également su distiller les références et les descriptions des lieux qui vont bien. Les personnages sont décrits à l’avenant avec des détails ajoutés tout au long du texte, c’est bien fait.

-          Originalité – 2 : Pour le coup on tient la nouvelle que nous attendions tous dès l’annonce du thème du Prix Mille Saisons 2017. Il y a du Pygmalion dans cette nouvelle, du Midas aussi et même un peu de Peau de Chagrin et c’est ce mélange classique qui fait l’originalité de la nouvelle.

-          Universalité – 2 : Si Barnett me promet de repenser à l’emploi du passé simple, je suis prêt à lui faire confiance pour la suite, car sa nouvelle se lit avec plaisir. La fin du texte est un peu fermée et trop peu d’indices sont donnés sur une possible suite.

 

5.       Karine Rennberg

·         Titre : Les Feux de la Rampe

·         Public : de 12 à 77 ans (et plus si affinités)

·         Genre : Baroque Fantastique

·         Note : 19/20

-          Ambiance – 4 : Karine nous propose un univers sombre dans lequel la magie et la folie cohabitent. Le danger rôde partout, le sentiment d’oppression est très finement rendu dans une ambiance baroque et légèrement gothique.

-          Écriture – 3 : L’écriture de Karine est vraiment très fluide, c’est un bonheur de la lire. Le rythme des phrases est excellent et je n’ai pas noté de problème de concordance des temps, un bonheur, je vous dis ! Mon seul bémol concerne une gestion moyenne de la temporalité : j’ai cru que le héros faisait revivre à Haleth la soirée du drame uniquement ; je n’ai compris que plus tard que le gamin était remonté bien plus loin dans le temps. Cela crée un moment d’incompréhension, heureusement très bref.

-          Imaginaire – 4 : Karine propose un univers très riche, baroque, art déco, légèrement gothique avec de multiples ouvertures : dragons, vampires, opéra volant, culte de l’Innocent, police magique, omniprésence de l’armée et peuples non-humains. Karine réussit le tour de force de nous présenter tout cela dans un ensemble cohérent, tout en menant son intrigue à son terme.

-          Originalité – 4 : Le saturnisme est une nouvelle fois utilisé pour justifier l’apport du plomb, c’est le seul reproche que j’adresserai au texte de Karine. Reste que son utilisation est parfaitement justifiée et que la proposition de Karine ne ressemble à aucune autre, ni dans ce livre ni dans aucune autre source (et si cela vous évoque quelque chose, n’hésitez pas à m’en faire part, je suis preneur).

-          Universalité – 4 : Comme pour le texte de Philippe Deniel l’année dernière, j’ai très envie de lire un roman complet sur la base de cette nouvelle. Karine peut compter sur ma voix, quand bien même je n’ai pas encore lu toutes les nouvelles.

 

6.       Stéphane Monnet

·         Titre : La Mort n’est pas un Spectacle

·         Public : de 12 à 77 ans (et plus si affinités)

·         Genre : Médiéval Fantastique ?

·         Note : 6/20

-          Ambiance – 1 : Si le plomb est bien mis en lumière, la lumière est particulièrement plombée. Cette absence de lueur d’espoir, à quelque moment du texte, cumulée à une autre problématique que j’aborde juste après, est complètement étouffante et aussi terne que le plomb, un peu à la Dead Man, le film de Jim Jarmush avec Johnny Depp, mais sans Johnny Depp.

-          Écriture – 1 : Outre la multiplication de phrases ultra courtes, le texte de Stéphane se caractérise avant tout par une absence totale de dialogue. Il s’agit d’un monologue intérieur monobloc, sans relief, particulièrement indigeste. L’exercice de style est cohérent compte-tenu du contexte final, mais je n’en suis absolument pas fan.

-          Imaginaire – 2 : Si le texte détaille assez bien la vie du protagoniste, on en sait finalement assez peu sur le monde dans lequel il a vécu. Quelques grandes batailles sont citées, deux grands royaumes également, l’esquisse d’autres conflits et c’est à peu près tout.

-          Originalité – 2 : Je ne peux pas nier une certaine originalité au texte, qui se fait selon moi au détriment du thème imposé. Certes le plomb est présent, mais où est la lumière ? Qui plus est l’usage du plomb me parait un peu tiré par les cheveux : j’espère que dans le monde esquissé par Stéphane on utilise du parchemin ignifugé parce qu’utiliser du plomb pour cacheter une lettre sans la brûler est sinon une science à part entière.

-          Universalité – 0 : Vous l’aurez compris, je n’ai absolument pas été emballé par cette nouvelle, ni sur le fond, ni sur la forme. Le but du Prix Mille Saisons est de donner un aperçu du savoir-faire et de l’univers de l’auteur afin de déterminer si nous souhaiterions en voir plus, sur la longueur d’un roman. Sur cette base, je n’ai absolument pas été convaincu, je ne suis pas prêt à lire tout un roman sans dialogue.

 

7.       Maryline Guldin

·         Titre : Emmurés

·         Public : de 12 à 77 ans (et plus si affinités)

·         Genre : Contemporain Fantastique

·         Note : 10/20

-          Ambiance – 3 : Il règne une ambiance à la Shutter Island, le film de Martin Scorcese issu du roman éponyme de Dennis Lehanne, dans la nouvelle de Maryline, mâtiné d’un peu de suspense à la sauce Hitchcock.

-          Écriture – 2 : La plume de Maryline est fluide, mais il y a plusieurs problèmes de concordance des temps et un peu de naïveté dans le ton qui nuit à l’ambiance. L’autre problème tient au manque de cohérence dans le langage employé par les différents personnages, qui ne colle pas assez à l’époque à laquelle ils appartiennent respectivement.

-          Imaginaire – 3 : Les personnages principaux sont plutôt bien campés et si le monde dans lequel ils évoluent est bien connu, l’auteure a eu le souci du détail de la psychiatrie des années 50 ; presque trop, un reproche qu’on m’a également fait souvent.

-          Originalité – 1 : L’histoire proposée reste très (trop) classique, presque caricaturale. Je pense que nous aurons été quelques-uns à avoir trouvé le coupable très tôt dans la nouvelle. Par ailleurs le thème imposé par le concours n’est pour moi traité qu'à l’extrême marge.

-          Universalité – 1 : Il y a encore un peu de travail sur la forme selon moi, mais la plume de Maryline mérite qu’on lui laisse sa chance. Reste que la nouvelle ferme toutes les portes et que j’ai vraiment du mal à voir comment elle va pouvoir développer l’univers qui nous est proposé sur la longueur d’un roman.

 

8.       Anthony Boulanger

·         Titre : Les Hommes de Métal

·         Public : de 7 à 77 ans (et plus si affinités)

·         Genre : Science-Fiction

·         Note : 19/20

-          Ambiance – 4 : Anthony serait-il le nouvel Asimov ? Si la problématique est différente, le mécanisme et l’ambiance de la nouvelle n’en sont pas si éloignés. L’ambiance colle bien au titre, froide et métallique, mais avec ce soupçon de vie qu’Anthony mentionne dans son texte ; c’est très bien fait.

-          Écriture – 4 : Voilà une nouvelle qui me réconcilie avec la narration au passé. Les concordances de temps sont parfaites et l’utilisation du passé simple rare et justifiée. La lecture est fluide, parfois même jubilatoire.

-          Imaginaire – 4 : Anthony nous prend par la main du début à la fin de son texte et distille la connaissance de son univers sans avoir l’air d’y toucher. Il réussit même l’exploit de donner vie et personnalité à des personnages métalliques.

-          Originalité – 4 : L’utilisation du thème imposé est vraiment excellente et originale. On pourra reprocher à Anthony un passage un peu court et convenu du plomb à la lumière, mais je n’en ai cure et je maintiens mon 4.

-          Universalité – 3 : Avec Anthony Boulanger, vivons la Happy technologie mes frères et mes sœurs ! J’en veux encore ! Je suis curieux de voir comment l’auteur fera sa transition des Robots d’Asimov à V pour Vendetta, le film de James McTeigue tiré du comic d'Alan Moore et David Lloyd. C’est mon seul bémol, mais je suis très confiant.

 

9.       Emmanuelle Maia

·         Titre : Quelques Grammes de Plomb pour Atteindre la Lumière

·         Public : de 16 à 77 ans (et plus si affinités)

·         Genre : Contemporain Fantastique

·         Note : 14/20

-          Ambiance – 4 : Bienvenue à Zombieland,  le pays qui règle une bonne fois pour toute les problèmes de voisinage. Cette ambiance spécifique est bien rendue, la peur et le stress sont nos compagnons de voyage.

-          Écriture – 3 : Heureusement qu’Emmanuelle change de narrateur à un moment du récit, parce que je n’en pouvais plus du point de vue immersif « ma journée dans la peau d’un trisomique ». Cela sert l’histoire, je n’en disconviens pas, mais cela aurait pu (dû ?) être un peu mieux dosé.

-          Imaginaire – 4 : Emmanuelle fait le travail, rien à dire : les personnages sont détaillés ce qu’il faut et les informations sur le monde dans lequel nous évoluons sont lâchés au bon moment dans le récit.

-          Originalité – 1 : L’originalité est la grande faiblesse du texte. Il s’agit d’une Xième histoire de zombie, en mode virus manifestement cette fois-ci mais c’est du déjà-vu. Les zombies ont les caractéristiques des poncifs du genre (hyperacuité auditive notamment), rien qui sorte de l’ordinaire… Quant au respect du thème imposé, il est évoqué au début du texte, puis rapidement passé à la trappe ; promesse non tenue.

-          Universalité – 2 : On découvre dans la deuxième partie du texte la plume efficace d’Emmanuelle, aussi à l’aise dans les scènes d’action que dans les descriptions. J’aime bien les histoires de zombies malgré une certaine overdose actuelle, reste que j’aurais aimé y trouver quelque chose qui fasse sortir l’histoire de l’ordinaire.

 

10.   Céline Ceron Gomez

·         Titre : Marché conclu

·         Public : de 12 à 77 ans (et plus si affinités)

·         Genre : Fantasy

·         Note : 14/20

-          Ambiance – 2 : L’ambiance proposée par Céline est trop neutre, c’est pour moi le principal défaut de sa nouvelle. Il y a quelques envolées mais ce n’est pas assez constant pour me satisfaire.

-          Écriture – 2 : Dans l’ensemble le texte est agréable à lire malgré certaines approximations de vocabulaire. L’autre reproche que je ferais à Céline tient au scénario : d’une part les pensées de Tocdo au départ ne me paraissent pas cohérentes avec ce qu’il sait réellement, astuce narrative injustifiée pour préserver le suspense, et d’autre part il n’y avait pas moyen de prédire que le kiwombou allait s’effondrer, offrant à l’ogde la possibilité de le racheter ; il y a donc là, une nouvelle fois, un raccourci scénaristique.

-          Imaginaire – 4 : Les personnages et le monde sont bien décrits, même si l’on sent bien que Céline en garde sous le pied.

-          Originalité – 4 : L’univers dépeint est original et le thème imposé respecté, même si l’utilisation du plomb est un peu forcée et pas vraiment expliquée.

-          Universalité – 2 : La nouvelle appelle une suite, c’est certain, Céline nous laisse de belles perspectives dans sa conclusion. Les maladresses scénaristiques et surtout le manque de souffle épique tempèrent un peu cette envie.

 

11.   Kéti Touche

·         Titre : Notre-Dame de Baltimore

·         Public : de 16 à 77 ans (et plus si affinités)

·         Genre : Horreur

·         Note : 18/20

-          Ambiance – 4 : Voilà une nouvelle qui fleure bon l’Appel de Cthulhu de H. P. Lovecraft. Par Azathoth, Nyarlathotep, Shub-Niggurath et Yog-Sothoth, ça c’est une bonne nouvelle ! La peur, l’oppression et le paranormal inexplicable règnent en maîtres, pour notre plus grand plaisir.

-          Écriture – 3 : Les dialogues s’enchaînent bien et le texte est agréable à lire malgré l’utilisation un poil trop importante du passé simple.

-          Imaginaire – 4 : Les éléments de décor sont très bien rendus, Kéti nous fournit tous les éléments pour avancer dans l’histoire, et au-delà.

-          Originalité – 3 : Kéti est la deuxième à avoir pensé aux vitraux pour associer le plomb et la lumière en réussissant à l’intégrer à une nouvelle d’inspiration lovecraftienne ; j’aime bien.

-          Universalité – 4 : J’attends avec impatience d’autres nouvelles, voire un roman complet, dans l’univers de K. T. Touchecraft.

 

12.   Ophélie Hervet

·         Titre : Ce qui nous lie

·         Public : de 16 à 77 ans (et plus si affinités)

·         Genre : Anticipation Fantastique

·         Note : 19/20

-          Ambiance – 4 : J’ai adoré l’ambiance d’apocalypse infernale qui nous est proposé par Ophélie : le sentiment d’insécurité et de fin du monde est très bien rendu, il y a de la tension et on sent bien la dureté de la vie ici-bas, sans qu’Ophélie en fasse trop dans le pathos.

-          Écriture – 4 : Rien à dire si ce n’est bravo ! Dialogues, descriptions, scènes de bataille et rythme des phrases, tout est équilibré et tourne vraiment bien. La nouvelle se lit d’une traite, on est cueilli tout de suite et on se laisse porter jusqu’au bout.

-          Imaginaire – 3 : Le décor est lui aussi très bien planté et les descriptions efficaces. J’aurais aimé avoir une vision plus globale du monde et de la façon dont il s’organise, notamment comment l’eau bénite papale arrive jusqu’aux héros, mais l’univers est cohérent et c’est pour le coup un sacré teaser pour le roman.

-          Originalité – 4 : L’apocalypse infernal n’a pas souvent été traité sur le mode survivaliste, pas à ma connaissance du moins. On est un peu dans l’esprit zombie au niveau de l’univers, mais pour le coup le traitement est original.

-          Universalité – 4 : Encore un futur roman à lire que je vais attendre avec une impatience d’autant plus grande qu’Ophélie nous laisse ouvertes toutes les portes, ça fait d’ailleurs partie de l’originalité de la nouvelle si on la compare à la plupart des autres.

 

13.   Johann Vigneron

·         Titre : La Foire

·         Public : de 16 à 77 ans (et plus si affinités)

·         Genre : Anticipation Fantastique

·         Note : 14/20

-          Ambiance – 4 : L’ambiance proposée par Johann c’est un mix de Delicatessen de Jean-Pierre Jeunet, avec un soupçon de Tontons Flingueurs de George Lautner, à la sauce Massacre à la Tronçonneuse de Tobe Hooper. Alors ça pue, ça grince, ça saigne et ça ricane. Je pense que ça ne laissera personne indifférent, on aimera ou on détestera ; moi je kiffe.

-          Écriture – 2 : Il y a un parti pris dans la plume de Johann, qui crée un dialogue à une seule voix, celle du protagoniste. On n’entend pas ses interlocuteurs, mais on comprend bien le sens de leurs interventions au travers des réponses apportées. C’est original et plutôt bien mené mais si j’ai bien aimé ce style sur la longueur d’une nouvelle, il ne pourrait clairement pas être reproduit sur la longueur d’un roman. De ce fait Johann ne nous donne pas à voir ce dont il est capable, ce qui est pourtant le but du Prix Mille Saisons.

-          Imaginaire – 2 : Le décor du parcnitencier d’attraction est assez bien décrit mais on sait finalement peu de choses du monde dans lequel il s’inscrit ; pas assez pour déterminer ce vers quoi Johann veut nous emmener à mon sens.

-          Originalité – 4 : Par son style et son sujet, cette nouvelle est clairement très originale et le thème respecté.

-          Universalité – 2 : Pour les raisons évoquées plus haut, tant au niveau du style et de l’univers, Johann ne nous donne pas vraiment de raisons de pousser plus loin. L’ambiance et l’originalité relèvent la note, malheureusement Johann nous ferme les portes des futurs possibles dans la conclusion de sa nouvelle.

 

14.   Philippe Deniel

·         Titre : Métal Radieux

·         Public : de 16 à 77 ans (et plus si affinités)

·         Genre : Western Fantastique

·         Note : 19/20

-          Ambiance – 4 : Du sang, de la sueur ? Ouais, y en a. De l’harmonica et de la poussière ? Y en a aussi ! Mais il y a encore plein d’autres choses encore, dans ce western version Impitoyable de Clint Eastwood. J’ai été autant pris à la gorge qu’à la lecture de Nouveaux Alliés, la nouvelle du même auteur dans l’anthologie précédente, la Cour des Miracles.

-          Écriture – 4 : Ça non plus, ça n’a pas changé, la plume de Philippe se lit toujours avec bonheur, enchaînant avec fluidité les scènes d’action et les descriptions.

-          Imaginaire – 3 : Au niveau de la description des personnages et la présentation de l’univers dans lequel ils évoluent, je n’ai rien à redire, c’est toujours de la fine ouvrage. Philippe a le chic pour planter un décor. Par contre, là où j’avais trouvé le mélange des genres cohérent dans Nouveaux Alliés, je suis moins convaincu par celui de Métal Radieux : la brèche de Sitting Bull, OK, la transformation du plomb en métal radieux, pourquoi pas, mais quelle justification aux faunes et aux démons ? Philippe aurait pu utiliser des traditions chamaniques plus proches des amérindiens pour parvenir aux mêmes résultats. Quant à Moïse, son rôle, ses motivations et la source de sa résistance à la brèche ne sont pas très claires.

-          Originalité – 4 : Je devrais mettre zéro, vu que l’idée de western fantastique a carrément été pompée sur la Mine d’Or d’Edouardo de Marion Poinsot. Plus sérieusement, la proposition de Philippe sort complètement du lot et le thème imposé parfaitement respecté.

-          Universalité – 4 : Je veux lire du Philippe Deniel ! Mais que fait Le Grimoire ???

 

15.   Marguerite Roussarie

·         Titre : Être Vivant

·         Public : de 7 à 77 ans (et plus si affinités)

·         Genre : Science-Fiction

·         Note : 18/20

-          Ambiance – 4 : J’ai une amie, Charline Effah, qui a écrit un roman court, que je recommande même s’il n’a rien à voir avec la SFFF, dont le titre aurait parfaitement collé à la nouvelle de Marguerite : N’être. L’ambiance proposée par Marguerite est toute en douceur, loin d’être mièvre pour autant, une oasis de calme dans ce livre de fureur et de mort.

-          Écriture – 4 : On m’avait dit que le niveau de l’anthologie était relevé cette année et je le confirme : Je ne trouve rien à redire à la plume de Marguerite qui s’avère vraiment plaisante à la lecture, sans rien qui m’ait accroché l’œil.

-          Imaginaire – 2 : L’univers proposé par Marguerite est parfaitement cohérent, avec le niveau de détail souhaitable, tant au niveau du décor que des personnages. J’ai par contre noté certaines incohérences scénaristiques qui m’ont fait baisser la note : l’attention du robot est alertée par le cri de douleur de la fillette, laquelle est emmitouflée dans une combinaison spatiale, le tout dans une atmosphère qu’on qualifiera au mieux de légère ; que l’androïde ait pu entendre ce cri, ainsi que celui de son père un peu plus tard, me parait donc discutable ; il aurait suffit de dire que la radio avait transmis ces informations. L’autre point, c’est que les colons humains soient effrayés par les androïdes, notamment à cause du fait qu’ils soient fait de plomb et qu’il puisse transmettre le saturnisme… Pour être contaminé, il faut inhaler ou avaler de manière répétée, de la poussière ou de la vapeur de plomb, il ne suffit pas de la toucher. Qu’on évite donc de mettre des enfants à leur contact, je le conçois, mais qu’une quarantaine soit imposée me parait assez largement exagéré.

-          Originalité – 4 : Le plomb est un matériau qui sert de protection contre les rayons X et Gamma, ce qui peut effectivement être utile sur une planète à l’atmosphère ténue. Les humains attendent donc que les êtres de plomb aient suffisamment terraformé la planète pour accéder à sa surface, et donc à la lumière de manière naturelle. C’est bien trouvé et c’est également une allégorie de l’éveil à la conscience de l’androïde.

-          Universalité – 4 : Je me suis attaché aux personnages et à la plume de Marguerite, c’est donc avec un grand plaisir que j’aimerais retrouver les uns et l’autre dans un roman plus étoffé.

 

16.   Elie Guillot

·         Titre : La bataille de Krak Girn

·         Public : de 12 à 77 ans (et plus si affinités)

·         Genre : Fantasy

·         Note : 18/20

-          Ambiance – 4 : La nouvelle d’Elie est une formidable allégorie du nain dans l’imaginaire Fantasy : puissant, obtu, farouche et conservateur. Une ambiance d’acier règne sur ce texte, chaud comme la forge et froid comme le métal, entre batailles et poids des traditions, un texte trapu et velu  mais qui sait prendre de la hauteur grâce de belles inventions comme les mécaniptères et de belles envolées philosophiques et mythologiques.

-          Écriture – 3 : Certains reprocheront certainement à Elie un vocabulaire trop riche et de ce fait abscons, mais au moins on ne dira plus que la Fantasy brille plus par son imaginaire que par sa plume. Il y a malgré tout quelques répétitions, voulues ou non, qui alourdissent parfois le texte.

-          Imaginaire – 3 : Au rayon du décor et des costumes Elie Harth et Donald Guillot ont fait très fort en présentant un univers cohérent qu’on devine encore plus complexe que dans le texte et des personnages hauts en couleur. J’émettrais toutefois une réserve quant à la capacité d’un combattant, fut-il un nain, à se pencher autant dans ses souvenirs en plein cœur de la bataille, à un contre des milliers. Sachant ce qui allait lui arriver par la suite, il eût été préférable à mon sens de patienter un peu dans le texte pour faire des flashbacks

-          Originalité – 4 : Thungrim le nain passe bien d’une lassitude de plomb métaphorique à la lumière divine, permettant à Elie de remplir sa part du marché. Il est le seul à ne pas avoir cherché à inclure le plomb en tant que matériau physique, ce qui lui vaut cette belle note d’originalité.

-          Universalité – 4 : À la fin de la lecture de La Bataille de Krak Girn, de multiples portes sont ouvertes vers de grandes épopées. Personnellement, j’en redemande volontiers, ayant apprécié la sophistication de la plume d’Elie, ainsi que sa capacité à faire vivre des batailles épiques.

 

17.   Romain Jolly

·         Titre : Un Rêve de Lumière

·         Public : de 12 à 77 ans (et plus si affinités)

·         Genre : Anticipation

·         Note : 14/20

-          Ambiance – 3 : Voilà une nouvelle qui saura certainement séduire la gente féminine et qui a également su parler à ma propre part féminine (qui a parlé de mon côté obscur ? On ne parle pas de mon côté obscur sur ce blog !). Le texte parle d’artistes maudits et de désespérance, il privilégie l’introspection à l’action. Pour ce qui me concerne j’ai trouvé la désespérance un peu trop présente.

-          Écriture – 3 : Romain écrit bien mais abuse un peu des phrases courtes sans que cela soit toujours justifié, là où une virgule, un point-virgule ou les deux points auraient suffis.

-          Imaginaire – 2 : Si les protagonistes principaux sont plutôt bien décrits, l’univers dans lequel on baigne reste très flou. Par ailleurs j’ai été moyennement convaincu par les revirements de pensée des deux protagonistes en fin de nouvelle.

-          Originalité – 2 : La thématique imposée n’a été traitée qu’à la marge, sans que soit réellement expliquée l’origine du saturnisme qui frappe une partie de la population ; le thème du saturnisme lui-même ne faisant pas preuve d’une réelle originalité.

-          Universalité – 4 : Les défauts mentionnés plus hauts restent mineurs et la problématique du thème imposé disparaîtra lors de l’écriture du roman. Romain ouvre pas mal de portes à la fin de sa nouvelle qui laisse augurer de belles choses.

 

18.   Marine Auriol

·         Titre : Et si l’Équinoxiale n’était qu’une Mort de Plus…

·         Public : de 12 à 77 ans (et plus si affinités)

·         Genre : Science-Fiction

·         Note : 17/20

-          Ambiance – 4 : Belle ambiance de bout de l’univers que celle proposée par Marine. Les plombards sont condamnés dès leur naissance à la mine, une mine à ciel ouvert soumise aux aléas climatiques d’une lointaine planète. C’est rude et oppressant, proche de la rupture sans jamais sombrer dans le désespoir, on devine une lumière au bout du couloir.

-          Écriture – 3 : La narration au présent est efficace, punchy, la scène de tempête équinoxiale bien rendue. Le point de malus est appliqué parce qu’il ne s’agit pas d’une nouvelle à proprement parlé mais plutôt d’un prologue, voire d’un premier chapitre.

-          Imaginaire – 3 : Marine s’est simplifiée la vie pour les descriptions de ses personnages, mais c’est parfaitement justifié. Reste que l’univers est insuffisamment décrit, même si l’on considère que l’auteure en garde sous le coude pour préserver l’intrigue de son roman. Une incohérence m’a également sauté aux « yeux » : le borgne a gagné son surnom parce qu’il ne s’est pas baissé assez vite lors d’une équinoxiale. Pourtant Marine nous explique par ailleurs plusieurs fois que le moindre trou dans une combinaison, et à plus forte raison dans le casque, est fatal : comment peut-on devenir borgne dans ses conditions et y survivre ?

-          Originalité – 3 : La thématique du plomb a été bien couverte, avec une originalité certaine qui plus est. Par contre le passage à la lumière est franchement plus obscur.

-          Universalité – 4 : Marine a su me convaincre de souhaiter à en savoir plus sur ce qui se passe sur Saturne 2 comme ailleurs dans son univers. Du fait que sa nouvelle soit plutôt un premier chapitre, on peut s’attendre à une suite directe qui donnera des réponses à nos nombreuses interrogations.

 

19.   Ghislain Morel

·         Titre : Deus Ex Machina

·         Public : de 12 à 77 ans (et plus si affinités)

·         Genre : Space Opera

·         Note : 14/20

-          Ambiance – 2 : Ghislain pose d’entrée du Space Opera en mettant en scène une bataille spatiale très réussie. La suite est à mon sens moins réussie du point de vue de l’ambiance car l’on ne ressent ni inquiétude, ni poids de la religion, ni… quoique ce soit : tout roule comme sur des roulettes ! Autant trop de désespoir tue le désespoir, autant quand tout va bien, on s’enquiquine un peu.

-          Écriture – 4 : Le texte de Ghislain se lit avec plaisir dans une narration au passé maîtrisée. Les dialogues s'enchaînent vraiment bien sans que Ghislain ait systématiquement besoin de préciser qui dit quoi, de la fine ouvrage.

-          Imaginaire – 3 : C’est vaste un Space Opera, nous ne sommes plus à l’échelle d’un monde mais d’une galaxie, avec de multiples races extra-terrestres, des millions de planètes; il est donc difficile d’en faire le tour en une nouvelle. Reste que Ghislain fait beaucoup d’impasses tant au niveau des personnages, simples silhouettes indistinctes, que de l’univers dans lequel ils évoluent. Le peu qui m’en a été présenté à toutefois réussi à me convaincre, j’ai été emporté vers son ailleurs.

-          Originalité – 1 : En parlant d’impasse, Ghislain en a fait une sévère ; il n’a pas traité le thème imposé : nulle trace de plomb, même métaphysique dans son texte. J’ai quand même attribué un point à Ghislain parce que son Space Opera introduit une dimension religieuse rarement abordée dans ce genre.

-          Universalité – 4 : J’adore le Space Opera et la nouvelle de Ghislain m’a donné très envie d’en savoir plus sur Mahomar et son vaisseau. Dommage que Ghislain n’ait pas respecté le thème et pas accordé un peu plus d’importance à l’ambiance dans sa nouvelle dont le début m’a beaucoup fait penser à la saga Honor Harrington de David Weber.

 

20.   Arnaud Gabriel

·         Titre : Zhang Zhung, le Mont Gang Ti Sé

·         Public : de 12 à 77 ans (et plus si affinités)

·         Genre : Chamanisme Fantastique

·         Note : 16/20

-          Ambiance – 3 : On peine à rentrer dans l’atmosphère du Zhang-Zhung car Arnaud prend le soin de poser son univers : l’esprit du lecteur, d’abord trop accaparé à trouver des sonorités aux noms étrangers et à comprendre la géopolitique locale, finit par se détendre jusqu’à entrer dans une transe chamanique dont il ne sort qu’avec la fin de la nouvelle.

-          Écriture – 3 : C’est encore un texte qui se lit avec plaisir, celui-ci aussi faisant honneur à la langue française et à la richesse de son vocabulaire : j’aurais au moins appris que les dieux célicoles sont les dieux du ciel, par opposition aux dieux infernaux (même le correcteur Word ne connait pas cet adjectif). Idem pour agnat, exercitant,  anathématiser ou orchésographie, mais cette fois-ci je vous laisse chercher par vous-même, cela participera de l’élévation de votre esprit, peut-être un but recherché par le chamane Arnaud. Personnellement, je trouve qu’Arnaud en fait un peu trop dans la sophistication linguistique et que cela nuit plus au plaisir de la lecture que cela n’apporte au texte.

-          Imaginaire – 3 : Si Arnaud traite assez bien de la politique locale et de la thématique imposée, il fait très peu de description de ses personnages comme des décors dans lesquels ils évoluent, ce que j’ai trouvé dommage. L’attachement aux personnages en pâtit un peu et je trouve dommage d’évoluer dans un univers cérusé, alors que l’inspiration tibétaine aurait permis d’évoquer de somptueux décors. Arnaud restitue par contre très bien ses connaissances sur le chamanisme et leur donne une véritable ouverture sur la littérature fantastique.

-          Originalité – 3 : Arnaud aborde avec finesse la thématique imposée, même si je trouve dommage que la transition à la lumière ne soit pas plus traitée. Reste que l’utilisation de la tradition chamanique comme œuvre de fiction fantastique est une belle preuve d’originalité.

-          Universalité – 4 : Malgré les bémols évoqués plus hauts, Arnaud a réussi son pari de m’intéresser à son univers mystique. J’ose espérer qu’avec un espace d’expression plus large, Arnaud saura nous gratifier de descriptions plus approfondies, car c’est là mon principal point de regret.

 

21.   Simon Boutreux

·         Titre : Betsy

·         Public : de 12 à 77 ans (et plus si affinités)

·         Genre : Contemporain Fantastique

·         Note : 14/20

-          Ambiance – 4 : Simon parvient à nous imprégner de l’univers de la presse en mobilisant tous nos sens, hormis peut-être celui du goût. Pour le reste, les odeurs, les sons, la vue et le toucher sont mobilisés pour nous envoûter.

-          Écriture – 3 : Le principal défaut de Simon dans ce texte tient dans des phrases trop courtes qui hachent le rythme du récit. C’est particulièrement sensible au début jusqu’à ce que le rythme de Betsy se mette au diapason de celui du texte.

-          Imaginaire – 3 : Dans un univers contemporain très classique, Simon n’a nul besoin de nous décrire le monde dans lequel nous vivons. Pour autant les descriptions de ses personnages n’en sont pas plus enrichies, à la notable exception de celle de Betsy.

-          Originalité – 2 : Je pense qu’à l’origine Simon a pensé au plomb typographique utilisé pour créer les caractères d’imprimerie, en alliage avec l’étain et l’antimoine. Je ne sais pas à quelle transition vers la lumière il pensait par contre, parce qu’il n’a finalement absolument pas traité le thème imposé. Reste que cette nouvelle, qui n’est pas sans évoquer Christine de Stephen King, est originale dans ce contexte.

-          Universalité – 2 : Je suis assez mitigé quant à mon envie d’en découvrir plus sur l’univers de cette nouvelle. Simon ne nous donne que peu d’indices sur là où il souhaiterait nous emmener et j’ai beaucoup de peine à le voir continuer avec le couple Betsy/Luke. 

 

En conclusion

Auteur

Ophélie Hervet

Karine Rennberg

Philippe Deniel

Anthony Boulanger

Marguerite Roussarie

Elie Guillot

Kéti Touche

Marine Auriol

Guillaume Dalaudier

Arnaud Gabriel

Ghislain Morel

Emmanuelle Maia

Célien Ceron Gomez

Johann Vigneron

Romain Jolly

Simon Boutreux

Barnett Chevin

Vyl Vortex

Maryline Guldin

Valentin Desloges

Stéphane Monnet

Nouvelle

Ce qui nous lie

Les feux de la rampe

Métal radieux

Les hommes de métal

Être vivant

La bataille de Krak Girn

Notre-Dame de Baltimore

Et si l'équinoxiale...

La clé céleste

Zhang Zhung, le mont Gang Ti Sé

Deux ex machina

Quelques grammes de plomb...

Marché conclu

La foire

Un rêve de lumière

Betsy

La pierre

Sous l'oeil de Tornn

Emmurés

Le coup du collier

La mort n'est pas un spectacle

Note

19/20

19/20

19/20

19/20

18/20

18/20

18/20

17/20

16/20

16/20

14/20

14/20

14/20

14/20

14/20

14/20

13/20

13/20

10/20

10/20

06/20


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Commentaires: 4
  • #1

    Lecture Rousse (mercredi, 11 mai 2016 21:09)

    Je suis venue lire vos impressions suite à votre commentaire sur mon blog, j'étais plutôt curieuse. Je ne savais pas que vous étiez le lauréat de l'éditions 2016, bravo ! Je n'ai pas terminé ma lecture de l’antilogie, mais je vois déjà que pour certaines nouvelles, j'ai le même ressentie que vous. J'ai beaucoup apprécié "La clé céleste" et "Les feux de la rampe" (ma préférée pour le moment), mais comme vous "La mort n'est pas un spectacle", ne m'a pas vraiment convaincu.

  • #2

    Philippe-Aurèle (mercredi, 11 mai 2016 23:18)

    Bonjour Marie, merci d'être venue me lire, j'attends vos propres appréciations avec intérêt :)

  • #3

    Anaïs (jeudi, 09 mars 2017 12:46)

    Bonjour,

    J"ai lu vos commentaires et je dois dire que je suis rarement d'accord avec vous. En particulier sur la nouvelle de La mort n'est pas un spectacle que je vais tenter de défendre.
    Tout d'abord la lumière que vous ne trouvez pas est la lumière de l'entrée dans l'arène. Celle qui amène le personnage au combat et à sa délivrance de son armure et ses batailles.
    C'est selon moi en cela que nous pouvons voir la lumière.
    L'absence de dialogues ne me dérange pas, en particulier dans une nouvelle. C'est même assez courant me semble-t-il.
    Pour ce qui est de l'univers j'en suis ressortie alléchée puisque peu nous est montré mais assez pour attiser notre curiosité. De plus, son choix d'introduction permet de développer ce que l'auteur souhaite de son univers, les événements de la nouvelle peuvent être une anecdote ou un axe central peu importe.

    Si je suis en désaccord avec vos commentaires sur la plupart des nouvelles c'est parce que je note mon envie personnelle d'en savoir plus sur cet univers et mon plaisir de lecture. Je me suis donc détournée des Hommes de métal pourtant prometteuse mais je suis lassée des figures christiques comme procédé scénaristique.

    Vous me semblez bien sévère sur l'utilisation de phrases courtes qui, selon moi, peuvent permettre une fluidité du récit quand elles sont bien maniées.

    Enfin, je n'ai pas aimé la nouvelle la Pierre mais je trouve le reproche que vous faites au sujet de l'emploi du passé simple mal avisé. Cette utilisation est justifiée à travers ce personnage lettré mais laid qui ne brille que par son mental. Je pense, et je m'avance sûrement, que l'emploi de ce temps servait à introduire cette nuance dans un univers médiéviste.

    Bien à vous.



  • #4

    Philippe-Aurèle (jeudi, 09 mars 2017 14:00)

    Bonjour Anaïs,

    Merci beaucoup de votre retour, il est toujours plaisant de confronter les points de vue.

    Je ne prétends jamais dans mes critiques de texte que d'apporter mon propre point de vue, qui n'est, heureusement, pas universel. D'ailleurs les votes des lecteurs pour les nouvelles en question ne reflètent absolument pas mon propre classement...
    Il faut se rappeler quand même se rappeler que chacun des textes en compétition dans les anthologies du Prix Mille Saisons doivent non seulement avoir un intérêt en tant que nouvelle par elles-mêmes, mais également donner envie au lecteur dans savoir plus et potentiellement d'être développé sous forme d'un roman (ou recueil de nouvelles, c'est vrai).

    C'est dans ce dernier sens que je porte souvent ma réflexion sur les textes en compétition : à propos de "La Mort n'est pas un Spectacle", je trouve que l'auteur nous donne très peu à voir de ce que pourrait être un roman issu de cet univers. Il reste également que j'ai trouvé cette nouvelle particulièrement rébarbative et que je n'ai pas pris de plaisir à la lire ; ce qui ne vous ôte bien entendu absolument pas le droit de l'apprécier.

    Concernant "La Pierre", j'ai bien compris l'intention de l'auteur avec l'utilisation du passé-simple, je trouve simplement qu'il ne l'a pas bien maîtrisé. Je reconnais faire un blocage sur ce temps du passé, mais il existe des textes avec la même intention qui n'ont pas heurté ma sensibilité.

    Enfin j'ai trouvé "Les Hommes de Métal" particulièrement bien écrite, l'univers intéressant et elle m'a donné envie d'en savoir plus, d'explorer plus avant cet univers si particulier. Ce qu'il y a de bien en littérature, c'est qu'il y en a pour tous les goûts .

    Je publierais début avril une critique sur la prochaine anthologie du Grimoire "Tombé les Voiles", j'aurais plaisir à confronter à nouveau nos points de vue :)